Grandjean fait aussi bien que le champion olympique à 17 ans
RIO Comparaison n'est pas raison. Mais après les trois médailles, dont deux d'or, glanées par Yoris Grandjean aux premiers Championnats du Monde juniors, nous sommes allés fouiner sur le site de la Zwemkroniek. Pour y découvrir que, né en 1978, le double champion olympique Pieter Van den Hoogenband en avait 17 (l'âge actuel de Yoris Grandjean) en 1995. Cette année-là, le Néerlandais porta ses records personnels à 22.77 (50 libre), 50.32 (100) et 1.48.78 (200). À mettre en parallèle avec les performances du Liégeois en fin de semaine dernière au Brésil : 22.74, 50.32 et 1.52.20.
Sur 100 m libre, à égalité d'âge, les deux athlètes sont au même niveau, au centième de seconde près. Le Liégeois a un léger avantage (3 centièmes sur 50 m) mais est loin derrière sur 200, ce qui tendrait à indiquer qu'il est surtout un sprinter.
Poursuivons la comparaison. En 1995, VdH ne s'est pas aligné à l'Eurojuniors de Genève. Il a préféré l'Euroseniors de Vienne. Pas de podium mais deux finales : 100 libre (6e en 50.58) et 200 libre (7e en 1.50.57). Cette année-là, à l'Eurojuniors, c'est l'Italien Massimillio Rosolino qui remporta le 100 (52.24) et le 200 (1.50.54), le 50 libre n'étant pas au programme des épreuves de jeunes à l'époque.
Pour en terminer avec la jeunesse de Pieter Van den Hoogenband, précisons encore qu'en 1996, aux Jeux Olympiques d'Atlanta, le Néerlandais (domicilié en Belgique, dans le Limbourg) termina par deux fois à la plus mauvaise place, la 4e, tant en 100 (49.13) qu'en 200 (1.48.36). Et trois ans plus tard (1999), VdH mettait brutalement fin au long règne d'Alexandre Popov lors des Championnats d'Europe d'Istanbul où il battit sèchement le Russe tant sur 50 que sur 100 libre. Popov était invaincu en sprint depuis près d'une dizaine d'années. VdH remporta les deux titres olympiques suivants sur la distance reine, le 100 m.
S'il veut suivre la même trace que son voisin du Nord, l'athlète de Liège-Natation semble en avoir les moyens, d'autant plus qu'il n'a encore pratiquement pas fait de musculation. Le plus dur reste cependant à faire. De jeunes espoirs, on en enregistre régulièrement dans les piscines belges. Mais ceux qui deviennent des champions à l'âge adulte comme Fred Deburghgraeve, Brigitte Becue ou Stefaan Maene sont denrées rares.
Yoris Grandjean a aussi un atout : être entraîné par André Henveaux. Le coach du club de Crisnée a beaucoup d'expérience. Il fut l'entraîneur de Sandra Cam et, surtout, d'Isabelle Arnould qui fut double finaliste olympique en demi-fond à Séoul.
Aujourd'hui, le futur rhétoricien (la rentrée, c'est la semaine prochaine) a l'appui de tous : Ligue, COIB, Communauté française. Tous les atouts sont dans son jeu...
Guy Lassoie
© La Dernière Heure 2006
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